vendredi 14 décembre 2007

19 mai 2007: la mise à l'eau, les finitions et la préparation du voyage

Les forceps

« Un planning est établi à seule fin d’être changé »
Cette maxime semble une fatalité attachée à tout projet traditionnellement représenté de façon symbolique par un triangle. Le temps est un des sommets du triangle, les deux autres étant occupés par la qualité et le coût : plus c’est long ou plus la qualité est élevée plus ça coûte cher. Toute autre combinaison des 3 variables est aussi possible. En injectant de l’argent on peut toujours raccourcir les délais; à prix fixe il faut se contenter de vivre les retards. Et le planning de Troll fût révisé et révisé. Pas d’ulcère ; l’estomac se doit d’être en béton. La chaudronnerie aligne 4 mois de délais Troll représentant une priorité zéro dans l’échelle des valeurs suivant Eltink. Le peintre lui, glisse de 3 mois pour cause de…canicule ! Le chantier de finition se contentera de 2 mois supplémentaires: sous-estimation du volume de travail mais surtout absence de Jacques, le patron. Donc au total 9 mois de retard soit une saison. Pas de navigation en 2006 !
Le projet initial prévoyant une mise à l’eau en août 2006, une descente des canaux à travers la France et un hivernage à Cannes est bientôt remplacé par un départ en avril de l’année suivante assorti d’une descente du Danube, un projet beaucoup plus ambitieux mais beaucoup plus séduisant. Au début des travaux de finition, la mise à l’eau avait été prévue au 31 mars puis fut décalée au 20 avril et ce n’est finalement que le 19 mai que Troll retrouva, « terminé », son élément liquide.
En route pour l'élémemt liquide

Médusés!
La cérémonie eut son lot d’émotion, de suspense, de bonne humeur et d’enthousiasme. La marraine prononça le traditionnel discours. La bouteille s’écrasa sur la proue comme il se doit. La fanfare déversa sa musique entraînante sous les applaudissements des amis fidèles.
Lancement en musique!

Soulagés!

Quatre jours plus tard le capitaine et son second emménageaient à bord du tout jeune catéchumène.
Baptisé certes mais en aucune manière terminé.
Prêt d’un mois de travail acharné de la part d’Henry et de son équipe fut nécessaire pour transformer un bateau qui flotte en un bateau qui navigue. Le 22 juin, les amarres sont enfin larguées; plus que 3500km avant de découvrir quelle est la vraie couleur de la Mer Noire.

La préparation nautique

Pour traverser la France par les canaux et les fleuves, le plaisancier a à sa disposition pléthore de documents nautiques : guides, cartes, récits de voyage etc. Le pays traversé est ainsi prévisible, sans surprise.
Il en est tout autrement pour l’organisation d’une descente du Danube. Le nombre de plaisanciers qui prend cette route n’est pas très élevé et ceux qui écrivent, encore moins. Les guides nautiques sont inexistants ; celui de Rod Heikell, le seul écrit sur le sujet, date de 1991 et n’est plus vraiment utilisable. Au travers de longs surfs sur le WEB, il apparut de plus très vite que la langue du Danube est l’allemand. La plupart des documents officiels sont rédigés dans la langue de Goethe y compris les guides touristiques adaptés aux croisières danubiennes à bord de paquebots fluviaux. Jusqu’à Vienne il est possible de trouver quelques guides de croisières adaptés à la plaisance, en langue allemande bien sûr. Au-delà c’est la Terra Incognita.
Apparemment le Danube ne fait pas recette au hit-parade des libraires francophones. Il suffit de se rendre dans une bonne, grande librairie et de demander « Avez-vous quel chose sur le Danube ? » Après tapotement sur l’incontournable ordinateur et ses bases de données, la référence unique tombe inexorablement « Danube » par Claudio Magris, le livre référence sur le sujet ; culturellement magnifique et indispensable à lire mais pas exactement un livre adapté à la préparation nautique d’une croisière.
Et le miracle survint à un certain point de cette recherche documentaire internautique : la découverte de Pierre Verberght. Pierre, ancien commandant de bateau de croisière du Danube, a consacré sa vie au fleuve et à ses navigateurs. Dans le milieu des mariniers on ne dit plus Pierre Verberght mais « le pape du Danube ». Aucun doute c’était bien la bonne adresse. Ce pape utilise sa retraite à combler une lacune qui rendait la navigation sur le Danube très alléatoire : l’absence de cartes. Une première édition d’un jeu de cartes portant sur la partie allemande du Danube fut publiée il y a une dizaine d’années et eut immédiatement un immense succès. Ceci conforta l’idée de Pierre de compléter la documentation et en 6 années la couverture cartographique atteignait le delta. Aujourd’hui un jeu de 10 cahiers A4 permet de joindre Kelheim en Allemagne à Sulina ou Costanza sur la Mer Noire. Pour la mise à jour,Pierre refait le parcours tous les ans sur un gros bateau de croisière et le long des berges avec sa voiture.
Le papier n’ayant jamais remplacé les contacts humains, nous prîmes rendez-vous avec Pierre environ deux mois avant le départ afin d’affiner notre perception du fleuve. Nous resterons 5 heures dans sa maison d’Anvers à descendre le Danube, ses cartes sous les yeux. Avec chaleur et une passion communicative il nous abreuvera d’une foule d’informations complémentaires inestimables concernant la navigation mais aussi les contacts à prendre, les comportements à avoir suivant les régions etc. En résumé on peut dire que sans Pierre Verberght la descente du Danube aurait été à tout point de vue beaucoup plus difficile.
Au fil des mois, la documentation s’est étoffée. On en trouvera l’essentiel dans la bibliographie ci-dessous.
BIBLIOGRAPHIE


Livres généraux

Claudio Magris – Danube – Collection Folio
Le livre culte sur le Danube

Bernard Pierre – Le Roman du Danube – Plon (épuisé, à trouver d’occasion)

Fabienne Pavia & Dominique Perez - Le Danube – Time Life

Lazlo Meszaros – Die Donau – Christian Verlag

Pierre Verberght – Donaureisen - Pierre Verberght

Pierre Verberght - Danube description - Pierre Verberght

Récits

Doris Sutter – Beluga geht durchs Nadelöhr – Traveldiary.de

Pietro Montalenti – Diario de Bordo – Danubio - Lambaradan

Navigation

Barry Sheffield - Inland Waterways of Germany – Imray Laurie Norie & Wilson

Wolfgang Banzhaf – Der Rhein 1 von Rheinfelden bis Koblenz – Verlag Rheinschiffahrt

Wolfgang Banzhaf – Der Rhein 1 von Koblenz bis Essen – Verlag Rheinschiffahrt

Manfred Fenzl - Der Rhein - Edition Maritim

Pierre Verberght - Main 1 - Pierre Verberght

Pierre Verberght - Main 2 - Pierre Verberght

Guide für die Sportschifffahrt – Der Main - Verlag Rheinschiffahrt

Pierre Verberght - Main-Donau Kanal - Pierre Verberght

Rod Heikell – The Danube , a river guide - Imray Laurie Norie & Wilson

Guide für die Sportschifffahrt – Die Donau 1 und der Main-Donau-Kanal - Verlag Rheinschiffahrt

Guide für die Sportschifffahrt – Die Donau 2 - Verlag Rheinschiffahrt

Pierre Verberght - Donau tome 1 à Tome 10 - Pierre Verberght
Indispensable pour naviguer sur le Danube

Nicky Allardice – Cruising Bulgaria and Romania – Imray


Tourisme

A part les inévitables « Routard », « Petit futé », « Lonely Planet » ou « Guide Vert » :

Rodolphe Vaisman – Allemagne du sud – Guides Arthaud

Daniela Schily - Donau von Regensburg zur Schwarzmeerküste – Dumont

Littérature

Panaït Istrati – Œuvres – Phébus Libretto

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